Les sucettes sont très répandues dans le monde industrialisé. Elles sont considérées comme une source de consolation indispensable. Les enfants se calment en suçant et réussissent à s’endormir. La décision de donner ou non une sucette à leur enfant appartient exclusivement aux parents. Afin de comprendre les besoins d’un enfant et d’être en mesure de prendre une décision éclairée quant à l’utilisation d’une sucette, il est important de disposer d’informations techniques basées sur l’état actuel des connaissances. Lorsque l’enfant tient la sucette dans sa bouche, la cavité buccale doit s’adapter à ce corps étranger non extensible, rigide et préformé. Les différentes sensations dans la bouche peuvent influencer le processus de succion, ce qui peut entraîner des modifications de la technique de succion, une quantité insuffisante de lait pris par l’enfant et des problèmes d’allaitement maternel. Un usage fréquent et prolongé de la sucette peut mener plus tard à une malocclusion dentaire, une déformation de la mâchoire et des troubles de l’articulation. Chaque enfant devrait régulièrement avoir la possibilité d’être sans sucette. La cavité buccale et le visage peuvent alors se détendre, le bébé peut produire des sons, communiquer verbalement et utiliser ses lèvres sensibles pour toucher et explorer ses mains et les différentes choses qui l’entourent ; tout cela a un effet positif sur l’interaction avec son environnement.
Informations détaillées
Les nouveau-nés ont un besoin naturel de sucer et de téter qui ne se limite pas à la nécessité de se nourrir. La succion et les mouvements y associés aident le bébé à réguler ses besoins, à se détendre et à trouver le sommeil. La salive qui est produite lors de la succion favorise la digestion. La succion aide à modeler et à renforcer les structures du visage et influe ainsi sur la respiration, l’alimentation, la parole et l’apparence ultérieure. Lors de la tétée au sein doux et malléable de la mère, tous les muscles du visage sont activés et entraînés. Le sein s’adapte de façon optimale à la forme de la bouche de l’enfant [
1] et celle-ci est en contact direct avec la peau de la mère. Les micro-organismes sont alors échangés, les hormones maternelles qui favorisent la production de lait sont sécrétées et le réflexe d’éjection du lait est déclenché. L’allaitement selon les besoins de l’enfant et l’alternance entre succion nutritive et succion non nutritive pendant une session d’allaitement aident à réguler la production de lait.
Au cours des premiers jours suivant la naissance – quand le nourrisson apprend à boire au sein – l’utilisation d’une sucette peut influencer le comportement de succion. La bouche de l’enfant doit s’adapter à ce corps étranger non extensible, rigide et préformé qu’est la sucette. Les différentes impressions et sensations dans la bouche peuvent modifier les mouvements des lèvres, de la langue, de la mâchoire et des muscles. Il est alors possible que le nourrisson ne soit pas capable de vider efficacement le sein et qu’il consomme trop peu de lait. Cela peut provoquer chez la mère des douleurs aux mamelons et pendant l’allaitement. Certains bébés se laissent apaiser avec la sucette même s’ils ont faim et couvrent ainsi moins leurs besoins nutritionnels. Les conséquences peuvent en être un engorgement, une production de lait réduite et une faible prise de poids, ce qui peut contribuer à ce que les mères renoncent plus tôt à l’allaitement complet [
2].
Une utilisation prolongée et ininterrompue de la sucette peut avoir des conséquences importantes. Le corps étranger modifie les structures et les conditions de pression dans la bouche, le nez et la gorge. Il peut en résulter des inflammations de l’oreille moyenne plus fréquentes ainsi qu’une malocclusion dentaire ou une déformation de la mâchoire [
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4]. En tenant la sucette dans sa bouche, le bébé n’est pas en mesure de fermer complètement les lèvres et la position de repos de sa langue change. Il a des difficultés d’avaler la salive et de produire des sons. La sucette entrave le contact des lèvres avec la peau, les mains et l’environnement.
Les nourrissons ont des besoins et des tempéraments différents. Si chaque cri est interprété comme un besoin de succion auquel on répond par le don d’une sucette, d’autres besoins risquent d’être négligés : le besoin d’être nourri, d’avoir un contact physique ou visuel, d’être porté, de toucher, de se reposer, de recevoir des couches propres, de produire des sons, de communiquer, d’être parlé, etc. [
5].
Si un nourrisson n’est pas en mesure de satisfaire son besoin de sucer et de téter au sein, par exemple parce qu’il est séparé de la mère, en cas de grande agitation, à cause de mamelons douloureux et/ou un manque d’information, de volonté ou de compréhension de la part de la mère, ou bien en cas de sevrage, il est important de se demander s’il faut proposer une sucette dans ces situations [
6].
La question de savoir s’il est judicieux de donner une sucette aux enfants allaités au sein fait l’objet d’une controverse. Il n’existe pas de preuve si cela entrave ou non l’allaitement de manière fondamentale. Les deux points de vue sont soutenus par des études [
7] [
8] [
9]. Donner une sucette de temps en temps dans le cadre d’une relation d’allaitement bien établie et qui ne pose pas de problème ne semble pas avoir d’effet négatif sur l’allaitement. Cependant, si des problèmes d’allaitement sont déjà apparus, l’utilisation d’une sucette peut aggraver la situation.
De nombreux modèles de sucettes sont disponibles, en différentes formes, matériaux et tailles. La publicité des fabricants les décrit comme orthodontiques, physiologiques, symétriques, flexibles, anatomiquement correctes, fonctionnelles, naturelles, favorables au développement de la bouche, soyeuses, inodores et insipides, résistant à la déchirure et à la morsure, etc. Selon les recommandations actuelles des spécialistes (dentistes, logopédistes), ces affirmations sont trompeuses. Il n’y a pas de sucette sans risque. Toute sucette est un corps étranger dans la bouche de l’enfant. La sucette doit être aussi plate, souple, flexible et légère (sans anneau) que possible. Tant qu’elle se trouve dans la bouche, elle ne doit pas être attachée [
11].
Plusieurs études ont montré que la sucette utilisée en tant qu’aide pour s’endormir peut avoir un effet protecteur contre le syndrome de la mort subite du nourrisson (SIDS) [
12]. Jusqu’à présent, le mécanisme d’action exact n’est toutefois pas connu et la question reste de savoir si le même effet se produit chez les enfants allaités au sein. Ce qui est certain, cependant, c’est que l’allaitement est en soi un facteur de protection contre le SIDS [
13].
Un autre sujet de controverses est le moment opportun pour sevrer un enfant de la sucette. Il y a une frontière ténue entre le besoin de sucer et l’habitude de sucer. L’utilisation habituelle de la sucette peut entraîner une malocclusion dentaire, une déformation de la mâchoire ainsi que des troubles de l’articulation. De nombreux facteurs sont à considérer, en particulier l’intensité, la durée et la fréquence de la succion. Un enfant devrait régulièrement avoir la possibilité d’être sans sucette. La cavité buccale et le visage peuvent alors se détendre, le bébé peut produire des sons, communiquer verbalement et utiliser ses lèvres sensibles pour toucher et explorer ses mains et les différentes choses qui l’entourent ; tout cela a un effet positif sur l’interaction avec son environnement.